J’ai été touchée par la chaleur et l’authenticité qui a transpiré pendant mon culte d’installation. J’ai été accueillie, reconnue et envoyée dans ma mission d’aumônier au service des personnes fragilisées par la vie. Quel bonheur de savoir que je ne suis pas seule dans ma mission : je sais que mes collègues aumôniers et pasteurs, que les membres de mon Conseil d’Accompagnement sont là à mes côtés. Cette fraternité a été visible aux yeux de tous le temps du culte, elle est l’image de ce que nous vivons déjà au quotidien, elle est une force dans nos missions.
Un jour on me demande : « que faites-vous dans votre travail d’aumônier ? » « Rien » répondis-je. Imaginez la surprise de mon interlocuteur. Je poursuis en lui disant…je ne fais rien…c’est à dire…je ne fais pas de quota de visites journalières à atteindre, pas de rentabilité, pas de productivité ni d’efficacité. Je ne fais rien qui correspond aux pressions de notre société qui court de plus en plus vite après le temps, l’argent, le pouvoir, le rendement, l’éternelle jeunesse. Je ne suis pas dans le faire, donc on pourrait croire que je ne sers à rien. Et bien non, c’est quand je ne sers à rien que je suis le plus utile.
Le temps de l’aumônier n’est pas celui de notre société, il est le temps de mon frère, de ma sœur que je rencontre. C’est lui, c’est elle qui me donne son tempo. Je vais à la rencontre de l’autre : l’inconnu, la personne alitée, seule, souffrante, mourante, la personne âgée, désorientée, la famille, le personnel. Je ne fais pas….mais je SUIS dans un mouvement vers l’autre : je me « dé-place » vers l’autre, je lui donne sa place, et j’ouvre un espace à inventer à 2 où le Tout Autre nous frôle de la paume de ses mains. Je dis à l’autre : j’aime te voir là, parmi les vivants, et je te remercie d’exister. Alors la rencontre authentique commence, au travers de la parole, d’un sourire, d’un regard, d’un chant accompagné au violon. C’est à ce moment-là, que l’autre, qui se sent accueilli et respecté comme sujet à part entière, peut déposer et se décharger en toute confiance de tout ce qui est trop lourd à porter. Et le temps s’arrête…le temps d’une pause ….où l’essentiel se raconte sur le chemin que l’autre a choisi de prendre, sous le regard complice et bienveillant de notre Seigneur.